performance happenning - commandé par l'Hôtel Communautaire de Noeux-les-Mines pour l'exposition de Kijno "La Chine Inspira Kijno"
Sur un grand papier froissé, mon corps devient pinceau. Mes cheveux trempés dans de l’encre, je trace les caractères chinois « 朝 zhao » et « 暮 mu », qui signifient : « le matin» et «le soir». Dans un poème chinois, on retrouve cette phrase : « Le matin, la soie noire; le soir, la neige ». Elle a pour sens ceci : au matin, on est jeune, on possède des cheveux noirs comme de la soie ; le soir, on est déjà vieux et les cheveux sont devenus blancs comme la neige. Kijno fait une évocation de la poésie chinoise lorsqu'il nous parle de « trajectoire de vie ». C'est ainsi qu'il dit : « On naît froissé, on meurt froissé... ». Je tente à ma manière de prolonger le questionnement philosophique de Kijno : le trait sera noir, sur du papier froissé. ---- Kaixuan Feng
Exposition - La Ferme d'en Haut de Villeneuve d'Ascq - 02 décembre 2011 au 29 janvier 2012
« Carnet d'Adresses » : trois actes et une exposition finale
de Kaixuan FENG
Faire de sa vie une œuvre d’art, c’est l’orientation que Kaixuan Feng a prise pour concrétiser une démarche artistique articulée autour de la notion d’échange et du rapport public/privé. Peintre de formation, elle crée aujourd’hui des évènements à travers l'art de la performance. La photographie, la vidéo, la peinture lui permettent de composer l'évènement, mais produisent également une trace de celui-ci. En créant les circonstances de la rencontre (rendez-vous), elle cherche à créer des passerelles entre la vie et l’art, entre son espace intime et celui de l’autre. Les objets du quotidien établissent souvent dans son travail le passage de la sphère privée à la sphère publique.
Installée en France depuis 2005 pour étudier l’art, elle est étrangère, ce qu’on ne manquera pas de lui rappeler. Ainsi depuis son arrivée, elle renouvelle chaque année son titre de séjour en date du 26 octobre. En 2010, une fois son diplôme obtenu, le renouvellement de ses papiers se fait plus difficile. Grâce aux actions d’un comité de soutien, elle continue de vivre et travailler en France sous réserve d’exercer une profession libérale générant un chiffre d’affaire de 16 125 € par an.
Cette situation a inspiré ce projet. Lorsque l’on vit dans un pays étranger, on y est installé de façon temporaire. Ces circonstances génèrent une impression d’inconstance voire d’errance. " Les objets que j'utilise chaque jour ne m'appartiennent pas réellement. C’est comme si tout ce qui m'entoure était emprunté. Le jour où je quitte le pays je dois tout laisser, n’emportant qu’une valise. " C'est pour partager ce sentiment de dépossession qu'elle souhaite réaliser ce projet. Les différentes phases représentent le temps qui lui est accordé, le temps rythmé par un compte à rebours.
Acte 1 : « L’emprunt » Exposition d’objets, installation, La Condition Publique à Roubaix, mai 2011
Dans une salle d’exposition, elle a exposé publiquement tous les objets qu'elle possède depuis son arrivée en France il y a cinq ans. Pendant une semaine (la durée de l’exposition), elle a proposé aux visiteurs d'emprunter un objet et de l’utiliser. Elle a donné rendez-vous à plus de cent visiteurs qui ont "adopté" ses affaires, et de se retrouver six mois plus tard (période d’expiration de son titre de séjour temporaire où elle attend une réponse de la part de préfecture) pour qu’ils lui restituent l’objet prêté.
Acte 2: «Toujours être ailleurs, jamais être chez soi» Performances
Alors que le public lui a emprunté tous ses objets, son appartement s’est vidé. Chaque soir elle part avec sa valise et une adresse pour passer la nuit chez une personne. Le lendemain elle aura une nouvelle adresse indiquée par la personne qui l’a accueillie la veille.
Acte 3 : « Vivre de l’art »
Pour répondre à l’exigence du chiffre d'affaire imposé, elle a travaillé en tant que professeur de chinois, de calligraphie, de peinture, comédienne, metteur en scène, scénariste, styliste, modèle, animatrice, interprète, retoucheur photo, Zbrusher 3D film d’animation… Lors de l’exposition finale, elle exposera les fiches de paye qui rendent compte de cette quête effrénée.
Car si le ciel est son toit, un toit universel, à l’image de l’art qu’elle veut produire, le sol la rappelle à la réalité. Et l’obsession du titre de séjour l’amène à reconsidérer la création artistique dans son contexte économique. Symbolique de la liberté dont elle rêve toujours, le ciel devient alors sujet de représentation, sur les valises d'hommes d'affaires qu’elle a incrustées de ses peintures. Le romantisme propre aux jeunes filles du pays dont elle est native, cède ainsi momentanément la place au réalisme d’un monde matérialiste où même le ciel serait à vendre. C’est le sens des mallettes présentées dans l’exposition, qui symbolisent l'argent obtenu par la vente des peintures sur ces valises qui accompagneront ces hommes pour qui le voyage est lié à l’enrichissement, au chiffre d’affaires.
Afin de « rendre hommage » à la performance de son voyage d’errance (Acte 2), elle a réalisé une série de photos chez les personnes qui l’ont accueillie. Elle a posé dans le décor des chambres de ses hôtes. L’intention de l’artiste a été de trouver une esthétique à la frontière du reportage et de la mise en scène. Ces « reconstitutions du réel », non dépourvues d’humour et d’une certaine pudeur propre aux asiatiques, sont à vendre, contribuant à l’équilibre économique de sa vie de performeuse itinérante.
L’exposition finale « Carnet d’Adresses » aura lieu du 3 décembre 2011 au 29 janvier 2012 à la Ferme d'en Haut à Villeneuve-d'Ascq. Peintures, photos, installations, vidéos, objets, constituent autant de traces, objectives et subjectives, de ses performances réalisées durant les six derniers mois de vie, de travail et de création.
"Restitution" performance, 10 et 11 décembre 2011
"Toujours être ailleurs, jamais être chez soi" - vidéo
Performance, peinture, photographie, son - avril au mai 2011
L’artiste à donné rendez-vous à douze musiciens qu'elle ne connait pas, par le biais d'un ami, dans une salle divisée en deux par un rideau, afin de réaliser leur portrait sans qu’il y ait aucun contact visuel. Le seul repère pour le musicien sera le battement de coeur amplifié de l’artiste, sorte de 'métronome' vivant. Le seul repère pour l’artiste est le jeu du musicien. La performance durera 1 heure. Il n'y aura pas d'autres formes d'échanges (parole, visuel).
Les musiciens seront conviés au vernissage, le dimanche 22 Mai, première véritable rencontre avec l'artiste, et seront invités à improviser un petit concert, type 'boeuf'. Cette performance collective, sera toujours rythmée par les battements de coeur de l'artiste qui se trouvera enfin, en face à face avec les musiciens et en présence du public.
Le projet de l'artiste à travers cette performance "Portraits sans cible" est d'évoquer le lien invisible entre deux individus reconsidérant la notion de distance; de marier du son corporel involontaire de l'artiste et du son maitrisé instrumental du musicien; de jouer l'ambiguïté entre la notion de présence et la notion d'absence durant les rendez-vous et les rencontres; de se questionner sur le rôle de l'artiste qui se retrouve à la fois acteur et spectateur.
Centre d'Arts Plastiques et Visuels de Lille - 19 au 22 avril 2011
Performance
Prise de son de la performance
Peinture
B.A.R. à Roubaix - 19 au 22 mai 2011
Exposition - Performance, peinture, photographie, son
Foire Européenne d'Art Contemporain "Lille Art Fair", Grand Palais de Lille.
Pendant Lille Art Fair au Grand Palais de Lille, j’ai distribué au public des flyers rouges, imprimés en majuscule : « ASSUREZ VOTRE AVENIR : PARLEZ CHINOIS… ».
Lorsque tous les élèves se sont installés par terre sur des coussins, le cours de Chinois pouvait commencer. Le contenu de la leçon s’est porté sur l’apprentissage de 16 mots ou expressions : “ se lever ”, “ s’assoire ”, “ lever la main ”, “ applaudir ”, “ fermer les yeux ”, “ se taire ”, “ ouvrir les yeux ”, “ tourner à gauche ”, “ tourner à droite ”, “ s’accroupir ”, “ sauter ”, “ pleurer ”, “ rire ”, “ stopper ”, “ dire ”, “ la Chine ”.
Après avoir enseigné aux élèves la prononciation des mots, j’ai débuté un jeux : « Chine a dit … ». La règle de ce jeux est la même que celle de « Jacques a dit » : Les élèves font des gestes selon mes ordres dictés en Chinois, et la parole de la maîtresse stimule la mémorisation des mots.
En chinois, les verbes à l’infinitifs deviennent des verbes au mode impératif si la phrase est composée d’un seul verbe, par exemple : le verbe « se lever » seul, veut dire « Lève-toi ! ». Le jeux, tel qu’il a pris forme : “Chine a dit : Assis !” “Chine a dit : Ferme tes yeux !” ( ne regardes pas) ! “Chine a dit : Tais-toi !” “Chine a dit : Stop !…”, etc. Ainsi ce “jeux” prend une couleur politique alors que le cours devient une sorte de dictature Chinoise, et moi, la “maîtresse”, vêtue d’une robe en soie rouge traditionnelle, inspirant beauté et séduction, suis en réalité une dictatrice, imposante et autoritaire. Un élève qui s’était trompé plusieurs fois pendant le jeux a été puni : il a du écrire 10 fois chaque mot à genou devant le publique. Cette performance questionne la notion de dictature en Chine par rapport aux autres pays dans le monde actuel.
Exposition - Espace culture de l'Université Lille 1 - 28 février au 25 mars 2011
photographie
Sa réflexion tourne autour de la métaphore entre l’incrustation d’image et l’intégration dans un pays étranger : «M’intégrer dansun pays étranger, c’est incruster ma propre image dans une autre image: modifer, transformer, déplacer, recadrer, sélectionner, inverser, masquer, balancer, contraster, saturer, teinter, colorer, gommer, convertir, fltrer, associer, dissocier, verrouiller, magnétiser, fusionner... ».
En utilisant des images libres de droit, elle échappe aux contraintes de temps et d’espace. La question posée est alors la suivante : y a-t-il un pays hors territoire à partir duquel voyager à l’étranger n’a plus de sens ?
" Je demande à des personnes si je peux couper un bouton de leur vêtement, et leur demande ensuite de le coudre sur ma robe. Enlever un bouton à quelqu’un veut dire: rentrer dans son l'intimité. Le couper avec un ciseau devient menaçant. Quand ces personnes piquent l'aiguille dans ma robe ils effleurent ma peau et risque de me blesser. Dans la performance précédente "Maîtresse du Thé", il y avait un équilibre entre recevoir et donner. Dans la confection de la robe à boutons cet équilibre est rompu. Je reçois tout mais je ne donne rien. Je prends le bouton, et la main d’œuvre. " - Kaixuan Feng
performance - l'Hospice d'Havré de Tourcoing - 16 mai 2009
"Ma performance prend la forme d'un rituel avec les personnes invitées. Ce rituel associe métaphoriquement l'infusion du thé et l'effusion amoureuse. Il renvoie à la cérémonie traditionnelle du thé en Chine, qui allie une gestuelle codifiée et une cérémonie religieuse.
Je me place au centre du lieu où se passe la cérémonie, et pivote sur moi même au cœur d'un cercle, à la périphérie duquel se tiennent les 24 invités. Je porte une robe confectionnée avec des sachets de thé cousus, debout sur une nappe blanche, autour de moi sont disposés 24 bols. A la porté de ma main, se trouve Un chaudron d’eau chaude avec une louche. Des bougies maintiennent la chaleur. L'espace rituel de la performance est rythmé par 24 axes fictifs qui symbolisent la fragmentation du temps. Le temps est également scandé par l’écoulement de l’eau, de l’infusion du thé.
Le cérémonial divise l’espace et le temps et a pour apogée la consommation du thé qui coule et ruisselle sur ma peau en traversant les sachets de la robe. Cette infusion remplie les bols des 24 invités qui collectivement, m'offre en échange une écharpe qu’ils ont pris soin de porter. Mon intérêt pour ce rituel est : la relation qui s'opère entre la fusion des matières, l'eau, le végétal, et le corps. L'empreinte sur la robe matérialise et atteste de leur passage, et leur mélange. mais comment garder trace de l’éphémère, et du don de soi ?" - Kaixuan Feng
Lien presse vers LES NOUVELLES D'ARCHIMÈDE 56 " L'art et la manière " :
Un métallophone à vent chinois auquel on a rajouté un poignard est suspendu à quelques centimètres au-dessus de mon ventre. Ma respiration et le mouvement de mon ventre remplacent le vent ; je suis la muse musicienne qui chasse les vieilles rengaines.
Je suis un pinceau, mon corps est un long bambou qui porte des poils. Sur une grande feuille de papier j’écris le mot « Femme » en caractère ancien chinois - « caractère qui représente la femme de profil, dans une position humble, à genoux, les bras croisés devant elle » (« Les Caractères Chinois » Edoarto Sazzioli ). Avec souplesse et un corps libéré je trace une ombre, un passé.
Dans cette performance j’utilise l’eau - élément de vie, élément sacré, symbole de pureté - pour me laver en portant ma robe blanche. L’eau coule sur mon corps et dilue en passant le thé contenu dans les sachets, elle extrait l’essence et la couleur du thé qui s’écoule le long de mes jambes… jusqu’à terre où il sera absorbé par une feuille de papier blanc qui gardera l’empreinte de ce moment. En infusant le thé, élément symbolique de la tradition qui est dilué et chassé par l’eau et renvoyé à terre. L’eau emporte avec lui la blancheur de mon vêtement…
Dans une mise en scène sur les festivités d’un mariage, « la mariée (est) mise à nu ... ». Pour satisfaire leur gourmandise, les invités se serviront des cuillères en plastique qui composent la robe. De la robe, il ne restera plus que la structure devenue une cage inattendue pour la femme prisonnière de sa position de femme mariée : femme à consommer, femme-objet.
Cette performance, tout en étant le moyen de rébellion contre l’icône du mariage - image avec laquelle on fait rêver les petites filles - permet de questionner la position et le rôle de la femme dans la société. La mariée ne chercherait-elle pas à se faire volontairement «déshabiller» par l’autre, pour s’émanciper de cette cage ? La femme-objet ne serait-elle pas devenue la femme « sujet » de son propre désir ?